Contrairement à ceux qui se proclament avant-garde du prolétariat, ou qui plus modestement prétendent accompagner le mouvement au prétexte que c’est à partir de revendications souvent réactionnaires ou contradictoires que les masses laborieuses se transformeront en masses révolutionnaires, je ne me suis pas intégré dans un mouvement qui ne porte que très peu les valeurs que je défends.
Ce n’est pas seulement parce que je ne me revendique pas raciste, ou que je suis allergique à la marseillaise, ou que si l’esthétisme n’intervenait pas je n’aurai aucune gêne à chier sur le bout de tissu souvent associé, symboles d’une organisation sociale et politique que je conteste, que ce mouvement me dérange.
Ce ne sont pas non plus les anecdotiques « événements » de violences urbaines qui me posent problème. je ne vais pas pleurer sur la dégradation d’un local d’une banque, responsable de la crise de 2008, et que depuis nous engraissons via la dette publique. De même je ne vais pas m’apitoyer sur le sort des CRS victimes d’un accident de travail dans le cadre de leur mission, alors que pas le moindre journaliste ne s’intéresse aux décès quasi quotidiens dans les entreprises.
Du mouvement des Gilets jaunes peu de propositions ont émergé à part « Macron démission », ou des revendications anti-impôt ou de hausses salariales.
Le gouvernement ne s’y est pas trompé en proposant des solutions en trompe l’œil, qui ne remettent nullement en cause ses propres objectifs. Ce qui est donné aujourd’hui, sera repris demain par l’inflation, ou sera financé par nos impôts. Rien ne sera lâché par les Entreprises, voire pire: la défiscalisation des cotisations est accentuée! C’est le fond de la philosophie libérale de Macron.

La base du système capitaliste, à savoir l’exploitation des salariés, n’a pas été ébranlée, et les questions environnementales demeurent. La catastrophe qui avance masquée, est plus compliquée à admettre et comprendre! Le réchauffement climatique est un fait, mais il ne faut pas le regarder isolement si nous ne voulons pas aller au mur. Des solutions de fuite en avant de plus en plus machiavéliques existent et se développent avec des risques sociaux et sanitaires croissants, qui inévitablement ne seront pas maîtrisés en toute circonstance. La fuite en avant nucléaire (en France, notamment) en est un exemple, c’est loin d’être le seul.
D’autres menaces toutes aussi graves sont escamotées en particulier la pénurie d’eau, les risques d’une agriculture, pauvre en nutriments avec des engrais peu efficaces et destructeurs de l’écosystème. On ne saurait oublier les risques de pandémies, liées aux apprentis sorciers souvent soutenus par des velléités impérialistes des nations. Et pour finir cette liste non exhaustive, les menaces de guerres entre états, ou conflits entre humains uniquement pour le droit à la survie!

Tout celà ne seraient que les conséquences de mauvais choix que nous subissons, ou une simple fatalité?

Cette logique n’est pas aberrante pour tous, parce qu’elle profite au développement des multinationales, et il ne faut pas compter sur nos gouvernants achetés (ou pieds et poings liés) par ces dernières pour s’y opposer.
Il s’agit d’un choix politique, les arguments économiques ne sont que des prétextes de refus de remettre en cause les intérêts du capitalisme (oh le vilain mot!). Aujourd’hui nos entreprises ne sont plus dans un capitalisme de production industrielle de bien et de service, mais dans un capitalisme purement financier qui n’a que faire de ce qu’il produit. Augmenter le pouvoir d’achat sans poser collectivement les jalons d’une autre organisation sociale, de l’aménagement de nos territoires, et aussi une autre manière de produire et de consommer, n’a aucun autre intérêt que de mettre de l’huile dans les rouages de cette logique mortifère .
N’est-il pas incohérent de revendiquer des augmentations de salaire non pas pour acheter des vrais biens d’usage (ou de plaisir) mais uniquement des objets de consommations de très piètre qualité qui bien souvent sont HS à peine sortis de leur emballage. La même incohérence porte sur des pseudos services creux et inutiles facturés à prix d’or.
Le gaspillage énergétique (et environnemental) ne se résume pas à la consommation de carburant mais inclus notre mode de vie.
Cela passera inévitablement par un réaménagement des territoires en privilégiant les liens et services de proximité, en redonnant des valeurs humaines à nos activités, à la place de la seul notion dite comptable.
Le plus fondamental restera à casser la logique de gaspillage et de pollution générée par les appétits de gains des entreprises, soit par des mesures coercitives à leur égard (et si l’état pour une fois se mettait au service du peuple?) soit par une prise de pouvoir par les salariés mais aussi par la collectivité car des redéploiements économiques seront à mener collectivement sans perdants à part les « pseudos grands patrons ».

Ne nous leurrons pas si les futurs mouvements sociaux ne portent pas ces valeurs de changement de système social, ce n’est pas le fascisme rampant qui nous empêchera de courir à notre perte.

NUITS DEBOUT – GILETS JAUNES – ET APRÈS ?