
Les romantiques, de doux rêveurs exaltés, sentimentaux (plutôt des hommes semble-t-il) qui rêvent de liberté… C’était ce que je croyais. Certes dès ma prime enfance, le rabâchage sur le « plus grand » d’entre eux, un des plus grands poètes de l’histoire de l’humanité m’avait rendu méfiant, cependant si tous ne semblent pas très clean on ne peut pas passer son temps à s’insurger contre tous !
Malheureusement, sans nier les réelles qualités littéraires de certains, gratter le vernis du romantisme à la française revient à ouvrir une boite de pandore bien mal odorante.

Si l’on se fie à la définition académique du romantisme, il s’agirait d’une réaction au classicisme, exaltant les sentiments et la passion associée à un esprit d’utopie et de liberté. Que c’est beau. Je me contenterai d’aborder seulement les romantiques « officiels » français, ce qui limite d’entrée le périmètre à quelques écrivains notoires, les peintres et musiciens n’étant qu’accessoire dans cette affaire du point de vue de la culture officielle franchouarde (approche très limitative qui ne laisse rien augurer de bon).
Regardons de plus près ce que sont ces grands romantiques ! D’entrée de jeu, il est facile de remarquer qu’ils sont pour la plupart héritiers d’une petite noblesse provinciale, ou enfants de militaires napoléonien. Cela réduit sacrément le périmètre, loin du bas peuple.
En allant plus loin on constate que ces braves hommes (il n’y a pas de dames dans cette liste officielle) ont quasiment tous embrasé des carrières militaires foireuses, mais aussi politiques, En conclusion ce n’étaient pas des doux rêveurs, mais des personnes engagées dans la vie sociale et politique… On est très loin des mensonges qu’on voulut m’inculquer mes instits et profs.
Mais puisqu’ils étaient impliqués dans la vie politique, pourquoi ne pas essayer de les replacer dans l’échiquier contemporain ? C’est très loin de la démarche de L.strauss, ou de P . Descola, mais comme nos guides culturels officiels s’affranchissent de la moindre précaution, pourquoi ne pas aller sur ce terrain, et ne pas s’intéresser à chacun d’eux un par un ?
Commençons par le pionnier, Chateaubriand, fils d’un négrier, royaliste et fortement épris de sa sœur, aujourd’hui il aurait sa place au puits du fou, aux côtés d’individus partageant ses goûts incestueux.


Que penser du dénommé Musset, tout aussi doué pour bien écrire, que passionné au point de tourmenter une de ses compagnes, qualifiable de militante féministe, que Lutte Ouvrière aurait pu accueillir à bras ouverts, vu ses qualités de manipulatrice. Ce même Musset caricaturait Alexandre Dumas, et affirmait qu’il était malodorant, démonstrations d’un comportement raciste qui faisait également fureur de l’autre côté de l’atlantique.

Je passerai sur Alexandre Dumas, ou Lamartine, voire sur T. Gauthier un bon samaritain. Contrairement à tous les autres de cette bande, ils sont restés droit dans leurs bottes (ça me dit quelque chose) sans être des girouettes, et toujours du côté de la liberté, dimension de la définition du romantisme largement passée aux oubliettes.

Avant d’exprimer mon opinion sur le plus adulé de ces romantiques français, quelques mots sur Balzac. En apparence bien à droite, mais à y regarder de plus près réellement attentif aux souffrances humaines et à la réalité sociale. Dommage que fidèle à l’idéologie de sa classe sociale, il considérait que les riches avaient leurs place . A l’entendre on croirait écouter X Bertrand.
Terminons par le plus grand escroc de la bande, que G. Leroux n’a pas jugé digne de ses romans tellement qu’il devait le trouver peu sympathique, voire peut-être à vomir. Visiblement ceux qui l’ont idolâtré comme le plus grand romantique et républicain de cette époque (ce qui paraît contradictoire), étaient (et sont car cela continue) soit des menteurs soit des aveugles, vu ses multiples incohérences.


A commencer par comment un républicain peut-il se prévaloir de restaurer une cathédrale tombée en désuétude pour redorer le blason d’un clergé qui un demi-siècle plus tôt était positionné manu militari contre le peuple ?
Sous l’angle romantique, c’est aussi un grand n’importe quoi. Musset écrivait « Un seul homme était en vie alors en Europe ; le reste des êtres tâchait de se remplir les poumons de l’air qu’il avait respiré ». Nier entre autres la réalité des soldats embrigadés dans une cohorte collectiviste morts en Russie, n’est en rien en phase avec les idéaux romantiques. Nous faire couler des larmes sur gavroche, n’est pas la preuve d’un réel engagement avec ses tripes, mais le simple signe d’une capacité d’écrire sur n’importe quoi du fond de son canapé.
Son rôle durant les évènements de 1848, est et demeura probablement très obscure, il est prouvé qu’il n’était pas du côté des insurgés. Mais a-t-il fait tirer sur le peuple comme l’ont affirmé certains écrits ? Il n’y a plus la moindre trace de cela, y compris du contraire d’ailleurs. Loin de moi l’idée d’imaginer que Gambetta avant de l’envoyer au sommet du quartier latin, ait fait effacer toute trace d’un tel évènement. Cependant il n’y a pas de fumée sans feu, comme le disait si justement Saint Jean.

Hugo a d’abord été élu sur les bancs de droite, et après avoir digéré sa déception de ne pas être ministre de Louis Napoléon Bonaparte, il décida de prendre l’exil vers un paradis (fiscal?) ne partageant pas les mêmes valeurs que l’empereur. Par la suite, il ne soutiendra pas la commune, au contraire, il la traitera par le mépris, même si il se battra pour la défense des survivants condamnés : tant que son immense fortune n’était pas en cause, il pouvait se permettre de tenir des propos progressistes…Il avait également bien compris que le misérabilisme pouvait rapporter gros.
Enfin, n’oublions pas que ce personnage fut un tyran pour tout son entourage, en particulier durant son exil dans son bunker, ou tout était à l’effigie d’un homme bien imbu de sa personne.
Sans surprise, son fantôme n’apparaîtra pas dans la révolte des anges, ce qui n’empêchera pas Macron de songer à sa réincarnation comme premier ministre.
