affiche pour suisse a la sdn 1920

Il arrive parfois que des personnes me questionnent sur ma nationalité. Je ne réponds que rarement à une telle demande, dès lors que je n’en vois pas l’intérêt et que si j’avais le choix je me déclarai apatride. Malheureusement aujourd’hui c’est impossible, car les collectivités organisées en États (quelque que soit leur taille) s’arrangent pour s’opposer de fait à ce droit. Il s’agit bien entendu d’un comportement arbitraire, irrespectueux des individus et nous obligeant à nous soumettre à leurs règles, même sans y adhérer !

Les plus acharnés à m’imposer une nationalité me répondent : oui mais, tu es bien content de bénéficier de la sécu, du chômage, de la retraite…. Sauf que à moins d’être hypocrites, ils ne peuvent que reconnaître que les états n’y sont pour rien dans les services sociaux. De par mes activités professionnelles, j’ai participé au fonctionnement d’un système de solidarité pour lequel l’état était étranger. Aujourd’hui en France ce dernier s’est accaparé le contrôle de cette solidarité et cherche à la détruire ; car au-delà de son idéologie de la logique individuelle (ou seuls les riches sont gagnants), son objectif à peine caché est de transférer aux banques cette manne financière qui historiquement échappait au système capitaliste. Donc tout comme tout salarié français, un travailleur d’émigration récente, ou clandestin doit bénéficier d’une telle solidarité qui n’a rien à voir avec la couleur de notre peau, ou de son éventuel passeport.

Oui, mais quand même il y a les routes les écoles, l’électricité, l’armée, la police…Désolé non ! Je paye des impôts donc participe à ces investissements, et la majorité des budgets publics sont liés à la vie locale quotidienne, et n’ont rien à voir avec des frontières que je n’ai pas choisi d’édifier.

D’ailleurs derrière tout cela, il y a des choix non démocratiques. Ceux qui se sont opposés par le vote au libéralisme de l’union européenne s’en souviennent, tout comme ceux qui malgré de multiples procès gagnés voient fleurir des projets énergétiques, hydrauliques, contraires aux intérêts de la collectivité mais par contre bien juteux pour quelques industriels du nucléaire ou de l’agro-alimentaire par exemple. Enfin sur ce terrain des impôts, je ne me sens nullement concerné par des choix militaires, qui ne sont nullement dictés par les droits de l’homme, et encore moins par une police qui reste au service des castes sociales dominantes, et qui je suis désolé de répéter m’a apporté plus de déboires que de services depuis ma naissance.

affiche conquêtes sociales 1936 1946
tirailleurs sénégalais

Certains assimilent nationalité à communauté de destin (sans s), sauf que ce genre de raisonnement ne rime à rien. Il faut atterrir et revenir à la réalité, la France construite sur des bases historiques et sociales différentes de ses voisins, se glorifie d’un discours national tout aussi exact que les aventures d’Ulysse :

– Non « nos » ancêtres ne sont pas les gaulois : en fait les gaulois se sont mélangés pacifiquement aux habitants déjà présents.

– Non les envahisseurs n’ont pas tout massacré (sinon nous descendrions de ces envahisseurs!) : en « simplifiant » il s’agissait de très petites troupes souvent issues des légions romaines, qui n’étaient en rien barbares.

– Non Roland n’a pas été un héros à Roncevaux. Il s’agissait d’un pillard qui a été rattrapé par les habitants de la région . Ce n’est que plusieurs siècles plus tard qu’on a osé écrire des inepties sur ses exploits imaginaires !

– A l’époque de Jeanne d’arc, c’était la mode pour des jeunes filles un peu fêlées de sillonner la France en rêvant de sauver le monde. Il aura fallu attendre le 19ᵉ siècle pour l’intégrer dans un discours national qui convient aux cathos et pseudos laïques.

– N’oublions pas que la guerre de cent est une histoires de famille entre nobles « français », et que l’Angleterre telle que nous la connaissons aujourd’hui n’a rien à y voir.

– Et pour couronner le tout seuls les imbéciles croient encore que la guerre 14-18 n’était pas une guerre dictée par les seuls appétits capitalistes.

mythe-bon-sauvage Rousseau
Roland à Roncevaux

Nous serions tous des pures races, c’est bien connu et les frontières de la France sont immuables, comme notre langue, notre culture… Ce qui est surtout immuable pour le moment, c’est un pouvoir centralisé qui fait illusion d’être démocratique, alors que même ses processus électoraux ne sont que des mascarades. Les outils bâtis par ce pouvoir sont suffisamment robustes pour éviter le moindre effritement via les urnes (les exemples récents sur le débat des retraites, le confirment).

Ne nous leurrons pas, tous ces états modernes sont autoritaires -sans exception- même si les méthodes changent l’objectif est le même : maintenir le capitalisme à flot et la satisfaction de l’appétit de quelques-uns.

Ces états tels que nous les connaissons n’ont pas toujours existé. Le capitalisme a détruit des dizaines de sociétés parce que moins productives, elles reposaient souvent (pas toujours) sur d’autre valeurs qui méritent respect et attention. A une époque ou le monde doit choisir pour sa survie, faut-il continuer de se revendiquer d’une nation, d’un état ? Doit-on rester dans la logique de la Seconde internationale qui en investissant les parlements nationaux à la fin du 19ᵉ siècle a favorisé le repli nationaliste qui fut la base idéologique des guerres qui ont suivi. Ou ne faut-il pas mieux revenir à des logiques non productivistes pour une vie sociale plus agréable, et pour s’en sortir ? Se revendiquer d’une nationalité est une démarche guerrière, qui n’accepte pas le droit à la différence. Fort des expériences mortifères du siècle dernier, comment peut-on être aveugle pour ne pas s’en rendre compte aujourd’hui ?

Hitler avec une francisque

Malheureusement nous sommes entourés de foules qui veulent nous enfermer dans cette logique criminelle. Jusqu’à quand ?

l’ ILLUSION DU NATIONALISME