« Les mots » a été un livre écrit par J.P. Sartre pour relater ses souvenirs de jeunesse. Pour Roland Barthes, ce fut un vaste domaine ou il expliquait notamment dans le livre « mythologies », comment le signifié et le signifiant se complètent pour définir un mot.

Ceyrac ancien responsable du CNPF

Pour le CNPF, rebaptisé MEDEF à l’occasion du scandale de la caisse noire de l’UIMM (qui s’était fait prendre au piège d’arroser les syndicalistes dans les années 2000), pour les mots, c’est une toute autre démarche. Ce sera une technique de manipulation largement relayée par la suite par nos gouvernants, élus, et journalistes, via un vocabulaire savamment orchestré par les défenseurs d’une idéologie de classe bien éloignée des intérêts du peuple.

François Ceyrac devenu patron du CNPF dans les années 70, et qui fut la seule victime collatérale du scandale de l’UIMM avait ouvert le bal.

Quoi de plus horrible que les charges patronales ? Nous a-t-il martelé pendant 20ans, ensuite Sarko prit le relai à propos des charges salariales. Aujourd’hui Macron réduit sans complexe ces charges. Ainsi cotisations sociales de solidarité disparaissent progressivement au seul profit des actionnaires, et des plus fortunés individualistes. Pourtant ce n’était que du salaire différé. Cette super opération de communication médiatique aura porté ses fruits sans que les politiciens de gauche aient levé le petit doigt.

Concernant l’organisation du travail, qui se souvient avoir eu un jour un chef ? Pourtant pour nos parents, c’était bien pratique et clair. Ils savaient toujours à qui s’en prendre jusqu’à si nécessaire aller lui casser la figure. Dorénavant, grâce à nos managers, « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil », y compris notre directeur des ressources humaines, ce cher DRH qui a remplacé l’ancien odieux chef du personnel. Merci patron. Quant aux simples salariés – pardon – les collaborateurs (appellation fétiche de l’UIMM depuis 1940), ils ont été transformés en ressource humaine. Et c’est ainsi que les salariés sont ramenés au même plan comptable que les fournitures du bureau ou le PQ : la stratégie des entreprises devient plus limpide !

scout toujours prêt comme un syndicat

Mais nous vivons une époque formidable. En cas de licenciement (par qui on ne sait plus d’ailleurs) les syndicats ne s’opposent plus aux plans sociaux comme dans le passé. Dorénavant les partenaires sociaux sont consultés dans le cadre de plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), le résultat est le même, mais l’enrobage diffère.

Ils accompagnent également activement leur employeur à la prévention des risques sociaux professionnels, ces fameux RPS, qui s’ils représentent un risque pour l’entreprise (lequel ? on l’ignore et le cherche encore) sont cependant une catastrophe avérée pour le « collaborateur » défaillant.

D’ailleurs aujourd’hui, on nous le dit bien, le monde du travail ne tue plus, ce sont seulement les individus les plus faibles donc inadaptés qui craquent. Ce monde du travail est ainsi devenu en l’espace d’une génération un havre de « paie », grâce à nos coaches de la QVT – pardon- aujourd’hui on dit QVCT (qualité de la valse des conneries du travail).

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Arrêtons de médire sur le vocabulaire de nos patrons. Celui de nos gouvernants aujourd’hui n’est guère mieux. Par exemple, peut-être que votre grand-père était nègre et originaire des colonies. Vieux, il fut éventuellement grabataire, puis personne dépendante. Grace aux progrès du monde moderne, vous pouvez être de couleur et issu d’un territoire d’outre-mer, et on ne peut souhaiter pour vous qu’à l’aube du 4ᵉ age vous ne serez pas une personne à mobilité réduite, ou une personne vulnérable…. Rien n’a changé, le fond reste identique , mais pas les mots .

Réjouissez-vous tout de même, car même si vous râlez sur la SNCF ou la Poste, tantôt usager quand tout va mal, tantôt client quand vous sortez votre porte-monnaie, un jour peut-être vous profiterez des bien-faits issus du tout nouveau CNR. Quand à l’ancien oubliez le…Il faut vivre avec son temps.

Qu’est-ce qu’on dit ? Merci qui ? Merci patron ? Ou Merci Macron ?

L’ART DE L’ENFUMAGE PAR LES MOTS