portrait de Thomas_Hobbes John par Michael Wright

«Qu’est-ce qu’une bonne loi ? Par bonne loi, je n’entends pas une loi juste, car aucune loi ne peut être injuste. La loi est faite par le pouvoir souverain, et tout ce qui est fait par ce pouvoir est sûr, et approuvé par tout un chacun parmi le peuple».

Quoi de mieux que cette citation de Thomas Hobbes (1588-1679) pour illustrer la loi dernière loi française sur les retraites : le pouvoir en France est souverain, et Macron ne cesse de marteler qu’il a été élu en toute connaissance de cause. Cependant ce philosophe anglais rajoute: «Une bonne loi est celle qui est à la fois nécessaire au bien du peuple et facile à comprendre.[..] C’est pourquoi une loi qui n’est pas nécessaire, c’est-à-dire qui ne satisfait pas à ce à quoi vise une loi, n’est pas bonne.».

Mais alors, qu’est-ce qui cloche ?

CRS devant vitine troifoirien

Reprenons un peu l’historique de la communication gouvernementale. Il faut réformer les retraites, au nom de la justice, nous a t’on martelé dans un premier temps. Ensuite le discours a changé, il fallait sauver un système en faillite. Une seule solution, reculer l’age de départ, rapidement à 65 pour tous. Au fil des jours cet âge n’a cessé d’évoluer mais personne n’a été capable d’expliquer simplement pour combien de personnes et selon quel critère. Dans tout cette cacophonie, les policiers sont quasiment les seuls à s’en sortir indemnes, le critère de recrutement être con, est effectivement pénible s’il dure toute une vie professionnelle. Par contre travailler en équipe sur chaîne est un plaisir pour lequel aucun critère de pénibilité sérieux n’apparaît (en particulier depuis la simplification du compte de pénibilité à l’initiative de Macron en 2018).

En revenant concrètement sur le projet gouvernemental, on découvre des incohérences sur la méthode de calcul pour les départs anticipés. Par exemple un salarié qui démarre à 17ans gagnera un an par rapport à son jumeau qui a bossé dès 16 ans. Mieux qu’au loto, une chance sur deux de perdre ! Il faut être technocrate pour imaginer un tel système.

Affiche publicitaire Loterie

Ce serait compliqué de reprendre toutes les autres incohérences de ce texte. Le gouvernement a mis plusieurs semaines avant d’avouer que le seuil de 1200€ était une arnaque. Sans entrer dans toutes ses arcades, car ce n’est pas mon objectif, relevons une injustice et un mensonge flagrants: non seulement ce seuil ne correspond qu’à un cas particulier spécifique, mais au mieux ce seront 100€ de majoration. Sauf qu’elle concerne la pension brut, il faut donc déduire la CSG. Son calcul repose sur les revenus du foyer et non la retraite de la personne, donc en cas de forte disparité de carrière le montant de cette CSG supportée par la plus faible retraite impactera cette majoration.

Très loin de la philosophie de T. Hobbes, cette loi n’a pas été conçue par souci de justice ou pour résoudre un déficit abyssal. Il est paradoxal d’entendre parler toujours de moyenne en mettant sur un pied d’égalité un salarié pauvre et un premier de cordée du CAQ40. Il n’y a pas mieux comme argument pour rejeter tout effet collatéral, et surtout pour masquer qu’on veut faire trinquer les plus pauvres.

L’objectif intangible est de repousser la barrière du départ en retraite le plus loin possible, en refusant toute idée d’aménagement de fin de carrière, refusant de rétablir l’égalité de revenus en les femmes et les hommes, refusant de s’interroger sur les dividendes des actionnaires, et refusant de s’interroger sur une autre société non construite sur une accumulation infinie issue du seul travail utile de quelques-uns mais reposant sur le partage entre tous des fruits de notre labeur.

Les sbires de Macron prétextent un très faible déficit ponctuel, facile à combler pour se justifier et passer en force.

Sauf que ce passage en force n’a aucune légitimité, non seulement les arguments officiels sont faux et s’appuient sur des données tronquées incohérentes issues du gouvernement (c’est ce dernier qui donne les bases de calcul du COR, par exemple en considérant l’indice de base des fonctionnaires totalement bloqué durant toute l’actuelle mandature).

Ils nous pissent dessus et appellent ça ruissellement

Un des motifs avancé serait qu’il faut cesser de « creuser » la dette. Mais s’il y a dette, c’est le choix des suzerains successifs pas des salariés ! Historiquement les systèmes sociaux notamment de sécurité sociale et de retraite ont été construits par les salariés, pour les salariés. La logique gérée par les seuls salariés et les patrons, reposait sur la solidarité. Sauf qu’une telle logique ne plaisant pas aux banquiers, grâce à la complicité des gouvernants, la part des patrons a fondu de 16 % en trente ans, tandis qu’a été favorisé (en autres) le travail au noir, exempte de cotisation et générateur de chômage via les heures supplémentaires.

Nous voulons du Fric pour les retraites pas pour l'armée

La solidarité intergénérationnelle était un outil très puissant pour payer des pensions en court-circuitant les mécanismes de placement financier. Inacceptable pour les tenants du néolibéralisme, Macron en tête, pour qui seul l’épargne individuelle via la finance a un sens. En outre, en confisquant le budget social, l’état s’est octroyé une jolie manne financière facilement détournable.

Mais le cynisme va bien plus loin. Puisqu’il y a dette, via les gouvernants, les banquiers se faisant appeler « le marché » ont construit pour la CEE un système machiavélique : seuls les banques peuvent emprunter à la CEE, les états doivent donc s’adresser à ces banques, qui elles-mêmes vont pomper la Banque Centrale pour financer les états. Bien entendu le taux du prêt aux banques est inférieur à celui aux états. C’est ainsi que tout citoyen européen subventionne Goldman sachs and co. Rappelons qu’au passage, en 2009, par le renflouant de ces mêmes banques empêtrées dans les subprimes, la dette des états avait bondit.

En résumé s’il existe un déficit des systèmes sociaux, c’est avant tout le fruit d’une volonté d’offrir aux banques des revenus substantiels, revenus accrus dans le domaine de la santé par un système faussement mutualiste socialisant tous les risques et les pertes et par contre privatisant ce qui peut être juteux.

les gros financiers profitent des plus pauvres

Il existe aussi quelques motifs non avouables. À périmètre constant d’offre d’emploi, reculer l’âge de la retraite implique nécessairement une augmentation du volant des chômeurs. Combinant cette réforme avec un resserrement des allocations chômages, l’état confisque encore un peu plus ces cotisations à son profit, tout en réduisant le montant des éventuelles pensions de retraites des chômeurs âgés.

Mais cette saloperie n’est qu’une pellicule qui cache le plus horrible : pour les néo-libéraux le plein emploi est un risque inacceptable, car les salariés peuvent devenir exigeant et vouloir revendiquer leur juste part du gâteau. Par contre un fort volant de chômeurs âgés en fin de droits, est une aubaine pour faire pression sur les salaires tout en étant une épée de Damoclès créant une incertitude sur l’avenir pour tout un chacun. Le fait que les syndicats signataires de la nouvelle convention de la métallurgie acceptent l’idée d’une baisse de salaire en fin de carrière, dans ce contexte ne peut que nous faire frémir d’angoisse.

La retraite, la santé sont des enjeux de solidarité entre les travailleurs quelle que soit la couleur de leur peau, ou leur origine géographique. Ça ne doit pas devenir la chasse gardée du nationalisme, ou moyen de corruption d’un état quel qu’il soit.

L’actuel roi de France, en 2019 avait hypocritement devant les médias expliqué que prolonger la durée du travail étant créatrice de chômeurs était une mauvaise idée. Une vraie girouette ! J’ignore qui a donné mandat à ce menteur, acteur de nombreuses manœuvres scandaleuses en toute complicité avec par exemple General-Electric, ou UBER.

Il est temps que ce sinistre individu débarrasse le plancher et découvre ce que c’est que de ne pas pouvoir manger en fin de mois.

Mais il est temps aussi d’arrêter de donner des pouvoirs sans réserves à tous ces êtres immondes qui une fois élus s’engraissent sur le dos de la collectivité. La démocratie représentative, sans possibilité de remise en cause du mandat dans lequel l’électeur se défausse de ses responsabilités doit disparaître, et le plus tôt sera le mieux.

N’est-il pas temps de casser tout ce système au lieu de traîner ses savates entre République/Bastille et Nation (pour les Parisiens)?

Toutes les photos sont de bruno arlequin9969

https://www.flickr.com/photos/arlequin9969/

La meilleure retraite c'est l'attaque
RETRAITES EN FRANCE – UNE NOUVELLE ARNAQUE ?